Panorama : la Sainte Chapelle, des reliques de la Passion du Christ à Bourbon-l'Archambault

Construites dans la haute-cour du château, les deux chapelles castrales ont abrité des Reliques de la Passion que saint Louis avait offertes à son fils Robert, comte de Clermont-en-Beauvaisis : une Epine de la Couronne du Christ et des Fragments de la Croix dont Robert opère la translation à Bourbon en 1287. La première chapelle (la plus petite), Notre-Dame, date de son fils Louis Ier (1310-1315) et les travaux de la seconde, placée sous le vocable de la Sainte-Croix, sont entrepris sous Jean II en 1479 et seront poursuivis par Pierre II de Beaujeu (huitième duc de Bourbon) et Anne de France, son épouse, qui inaugure seule l’édifice en 1508, Pierre étant décédé en 1503.

La seconde chapelle de Bourbon, un édifice gothique flamboyant édifié sur le modèle et le plan de la Sainte Chapelle de Paris, sera desservie par un collège de chanoines jusqu’à la Révolution, malgré les tempêtes qui, en 1589 et 1641 l’endommagent irrémédiablement : vitraux, porche et toiture sont dévastés et la grande chapelle n’est plus que l’ombre d’elle-même en 1789.

Les reliques se trouvent aujourd’hui au presbytère de la paroisse Saint-Georges de Bourbon.

La volonté d’ériger une seconde chapelle témoigne de l’importance symbolique qui est accordée au château de Bourbon, considéré en quelque sorte comme la « maison de famille » des Bourbons. La chapelle Sainte-Croix n’abritera cependant jamais les saintes Reliques, qui resteront dans la crypte de la chapelle Notre-Dame jusqu’à la Révolution.

La construction d’une seconde chapelle par Jean II est aussi, bien sûr, un message politique. Elle a pour vocation à rappeler à tous (y compris et surtout au roi de France) que les Bourbons ont du sang capétien dans les veines, qu’ils descendent de saint Louis et qu’ils sont, dans la conception du temps, dépositaires d’une délégation du pouvoir royal ; ils s’estiment donc légitimes dans l’exercice de leur pouvoir et de leur fonction.

Par conséquent, Sainte-Croix avait pour vocation de réaffirmer les prétentions des Bourbons à succéder un jour à la dignité royale, ce qui se produira en 1589 avec l’avènement de l’un de leurs descendants : Henri de Bourbon-Vendôme, Ier de Navarre et IV de France.

 © Mars 2023

Emplacement des chapelles dans le jardin municipal
Vue de la Sainte Chapelle, Israël Silvestre, 1648
Tudot / Durand, 1834
Pierre Gélis-Didot, 1876
Anon, British Museum