GILBERT TALBOURDEAU, Décors de la chambre de la tour de l’est, env. 1910, Fonds Clément-Evêché, Archives Départementale de l’Allier

Cette salle a également conservé son enduit de plâtre décoré d’un faux appareil (des joints rouges). Mais elle semblait plus richement décorée que celle du rez-de-chaussée, mariant à nouveau le bleu au jaune et au rouge. Les voussoirs (sections des nervures) étaient alternativement peints de jaune et de rouge ou de bleu et de rouge.

Il s’agit d’une chambre, et ce depuis l’origine. C’est-à-dire que lorsque cette tour a été édifiée au tout début du XIIIe siècle, elle n’était pas militaire mais résidentielle. Qui y a résidé ? Il pourrait s’agir de Gui de Dampierre et de Mathilde Ière de Bourbon, voire de leur fils Archambaud VIII et l’une de ses trois épouses successives (dont Béatrice de Montluçon).

Observez la cheminée monumentale, dont les consoles sont constituées d’un décor classique (quart de rond, cavet, moulures épannelées). Un décor héraldique décorait le manteau composé de trois claveaux. Faisant face à la cheminée, une fenêtre se loge au fond d’une embrasure équipée de bancs de pierre (les coussièges).

Un filet jaune et rouge encadre les arcs formerets, comme dans la salle du rez-de-chaussée. Les six voûtains étaient semés d’étoiles rouges dont certaines sont encore visibles. Ils étaient coupés de bandes de couleurs alliant les trois couleurs.

Dans l’embrasure de la fenêtre, « le plafond qui surmonte ce réduit est égayé d’une double bordure en ocre rouge et jaune. D’élégants rinceaux décorent le linteau qui, comme tout le reste, sculpture, peinture et architecture, porte le cachet du XIIIe s. » (Barbier de Montault). Précisons : du début du XIIIeEnfin, notez que trois des quatre personnages sous les consoles ont le regard incliné vers le sol, humblement ou pudiquement, voire les deux, car nous nous trouvons ici dans une chambre. Un seul regarde vers le centre de la pièce.

 © Mars 2023

G. Talbourdeau, décor d'une nervure de la chambre
Gélis-Didot, Plafond de l'embrasure de la fenêtre de la chambre
Talbourdeau, frise d'un voutain de la chambre (encore bien visible aujourd'hui)
Autre frise (aujourd'hui disparue)
Blason de Mathilde Ière de Bourbon et de Gui de Dampierre, fin XIIe siècle (en héraldique, on parle ici de Bourbon ancien) : "D'or au lion de gueules à l'orle de huit coquilles d'azur".
Blason de Robert de Clermont (fin XIIIe) et des ducs de Bourbon jusqu’en 1410, date de sa simplification à trois fleurs de lys (Bourbon moderne) : "D'azur semé de lis d'or à la bande de gueules brochant le tout".