Robert de Clermont et Béatrice de Bourbon, Armorial de Guillaume Revel, XVe s.

Au total, douze sires, quatre dames, neuf ducs et une duchesse se succèdent en presque six siècles, de la naissance de la seigneurie vers 950 au rattachement du duché au domaine royal en 1532.

Le nom du premier ancêtre connu des Bourbons, Aimard, apparaît en 909 sur une célèbre charte de donation par laquelle le duc d’Aquitaine Guillaume le Pieux fonde l’abbaye de Cluny pour des moines bénédictins.

Bien qu’il signe Signorum Aimardi, Aimard est au service de Guillaume d’Aquitaine et détient une charge publique à Châtel-de-Neuvre, la vicaria Dobronensis (la viguerie de Deneuvre), sur l’Allier, à une vingtaine de kilomètres au sud-est de Bourbon. Il imite son suzerain en 913 et fonde à son tour ce qui deviendra la première des cinq filles de Cluny : le prieuré de Souvigny. Mayeul et Odilon de Mercœur, deux célèbres abbés clunisiens, viennent y mourir en 994 et 1049. Vénérés comme des saints de leur vivant (ils étaient entre autres d’ardents promoteurs des Paix et Trèves de Dieu), le pèlerinage qui naît à Souvigny sur leur sépulture dès le XIe siècle apporte renommée et légitimité aux Archambaud de Bourbon (ainsi que de substantiels revenus).

Aimon Ier, fils d’Aimard, prend possession de l’antique castrum Borbonensis alors déserté (Bourbon-l’Archambault) au milieu du Xe s. Il y engage probablement des travaux et semble s’y être installé puisqu’il y signe deux actes au château vers 950. Pour la première fois sont concentrés dans les mains de sa famille, en un même lieu, la force armée, la justice, l’administration, la fiscalité et le palais. Le château de Bourbon est né. Les descendants d’Aimard, les Archambaud, feront de leur nouvelle place forte de Bourbon le centre de leur pouvoir et la base de leur expansion territoriale pour les quatre siècles suivants.

C’est sous la houlette des seigneurs de Bourbon que se développe ici une puissante dynastie, dont les représentants n’auront de cesse de veiller à leur expansion territoriale tout en ménageant la susceptibilité des rois de France. Cette politique diplomatique, qui mêle loyauté envers la couronne et velléités d’indépendance dans le cadre politique de la féodalité, amènera les sires de Bourbon à se rapprocher du pouvoir royal par un jeu subtil d’alliances matrimoniales et de soutien politique.

Après plusieurs mariages prestigieux, dont celui de Mathilde Ière de Bourbon et de Guy de Dampierre, un proche de Philippe Auguste en 1196, c’est la consécration en 1276 : l’héritière de la seigneurie, Béatrice de Bourgogne, épouse Robert de Clermont, sixième fils de Saint Louis. La famille de Bourbon devient ainsi une branche cadette des Capétiens et le Bourbonnais sera érigé en duché au profit de leur fils Louis, en 1327.

 © Mars 2023

Le Bourbonnais au Xe s., entre Bourgogne et Aquitaine