Comme nous l’avons dit plus haut, le logis seigneurial est largement remanié à la fin du XIVe s. par Louis II, troisième duc de Bourbon (1346-1410). A cette époque, déjà, le château est rarement occupé par ses propriétaires, qui vivent dans l’entourage des rois de France depuis Louis Ier, le grand-père de Louis II.

Il comprend deux niveaux, l’étage supérieur étant, comme il est d’usage, destiné au duc et à ses proches, et le rez-de-chaussée aux gens en armes et aux domestiques. Les deux niveaux étaient divisés en deux espaces à niveau de la tour centrale, ce qui explique la présence de deux portes d’accès (dont l’une murée récemment à gauche du pilastre central) pour accéder à la tour du centre. L’étage supérieur était couvert d’une croisée d’ogives. Les nervures sont un remploi du logis du XIIIe s.

Le logis est adossé aux courtines du front nord (la courtine est le mur crénelé reliant deux tours entre elles) et communiquait avec les trois tours au rez-de-chaussée. Il se composait d’un retour à l’est, côté faubourg du château, probablement surélevé au XVe s. seulement, une aile dans le prolongement de laquelle sont édifiées successivement deux chapelles castrales.

Les travaux engagés sous Louis II au château de Bourbon ne seront jamais achevés pour la plupart. Les murs ne comportent aucune trace d’enduits de chaux ou de décors peints ainsi qu’il est d’usage (entrelacs, frises, arcs brisés, rinceaux…). Les seuls vestiges d’enduits se découvrent sur le parement (mur) du XIIIe s., notamment dans l’angle nord-ouest du logis et sur l’encadrement primitif de la porte de la tour de l’ouest.

Observez les ancrages au premier étage sur le pilastre flanquant la tour centrale, témoins de la cloison qui séparaient les deux espaces. En regard, sur le pilastre opposé, notez les vestiges d’une porte au premier étage, dont on devine le linteau effondré, l’emplacement des charnières scellées au plomb, et du loquet de fermeture à glissière.

Observez également les vestiges d’un enduit blanc dans l’angle nord-ouest du logis, sous la porte rebouchée desservant le premier étage.

Notez le dernier chapiteau subsistant et les reins des nervures formant les arcs brisés effondrés. Le décor de feuille de chou plaide en faveur d’un remaniement de la voûte au XVe s. La croisée d’ogive n’est pas seulement ornementale, elle est architectonique et permet de couvrir le logis d’une terrasse, chose courante dans la seconde moitié du XIVe siècle.

À sept mètres du sol, des poutres maîtresses de chêne étaient logées dans des espaces réservés entre les blocs de pierre ; notez les impressionnants corbeaux (pierre saillantes) qui venaient en renfort. Les corbelets en aplomb sous les corbeaux recevaient quant à eux des liens (ou jambes-de-force) ; observez le bûchement en biais de la pierre. La structure devait être suffisamment solide pour supporter le poids d’un plancher couvert d’un dallage de tomettes rouges et noires en damier.

Les cheminées superposées (deux paires) disposent d’un système de deux conduits jumelés dans l’épaisseur du mur sur toute la hauteur du logis.

Notez enfin par-ci par-là, outre les signes lapidaires que l’on attribue traditionnellement aux tailleurs de pierre, les « graffitis » laissés par les visiteurs du passé qui ont voulu, en gravant leur nom sur ces pierres, laisser une trace de leur passage. Ci-contre, des soldats prisonniers de l’armée française du régime de Vichy en août 1943 à l’entrée de la salle 4.

© Mars 2023