Cette salle était à la fois une pièce de vie (domestiques, soldats) et de passage. Elle avait également une fonction militaire en cas d’attaque et servait alors également de réserve de vivres, les tours devant pouvoir être indépendantes.

Elle est couverte d’une voûte à six nervures chanfreinées qui se rejoignent en une clef-de-voûte feuillagée. Ce feuillage, très présent dans le décor gothique, rappelle les liens étroits qui unissent l’homme du Moyen Âge à la nature, omniprésente dans la réalité du vécu comme dans l’imaginaire collectif.

Observez les consoles (culs-de-lampe), composées d’un tailloir à pans et d’une tête humaine coiffée de crochets feuillagés (milieu XIIIe s.) qui représentent, selon Barbier de Montaut : un moine, un vieil homme (bourgeois ou noble) portant moustache, un roi couronné de lys, une reine, puis une veuve ou une mère selon l’auteur, ou une religieuse portant voile et guimpe au cou, et enfin une jeune femme portant un bandeau plissé au front (soit les trois ordres de la société civile). A l’exception du vieil homme, dont la tête est couronnée de feuilles plates, tous les culs-de-lampe ont été restaurés, vraisemblablement dans les années 1930. Puisque ces culs-de-lampe ont été décrits 50 ans auparavant, on peut supposer que les restaurateurs ont repris le modèle des originaux.

La salle comporte une meurtrière, un puits de lumière, et un accès à une poterne au fond du couloir. Celle-ci était surmontée de mâchicoulis, dont les vestiges sont encore visibles depuis l’extérieur de la tour, et auxquels on accédait à l’échelle si l’on devait défendre la poterne lors d’une attaque. Ces poternes constituent une faiblesse dans les fortifications et étaient toujours équipées de défenses spécifiques : bretêches à mâchicoulis (pour le tir vertical, ou fichant) ou archères (tir horizontal, ou flanquant, comme c’est le cas dans la salle 1). Les poternes permettaient aux défenseurs de rejoindre une autre zone de combat, de s’approvisionner ou d’aller chercher des secours, etc. en cas de siège.

Notez les reprises de maçonnerie dans les couloirs d’accès à la porte d’entrée et à la poterne (observez la taille et la couleur des blocs de pierre). Le jambage du couloir a été repris dans les années 1930.

La maquette est celle du château à son faîte, au début du XVIe siècle. Elle a été conçue d’après la vue cavalière et le plan de Pierre Gélis-Didot, un architecte de la fin du XIXe siècle qui a étudié les vestiges et a pu mettre en évidence les différents éléments du château (moins les bâtiments de la basse-cour). La maquette reprend les quelques erreurs commises par Pierre Gélis-Didot.

 © Mars 2023

Clef de voûte feuillagée de cette salle